On ne sait pas si leur rencontre a eu lieu un dimanche, mais c’était à Bamako. Amadou Bagayoko et Mariam Doumbia font connaissance en 1977 à l’Institut des jeunes aveugles de la capitale malienne. Le début d’une longue histoire d’amour et d’un duo musical. Bamako, c’est d’abord leur lieu de naissance : le 24 octobre 1954 pour Amadou, le 15 avril 1958 pour Mariam. Le premier perd la vue à l’âge de seize ans, tandis qu’elle devient aveugle à cinq ans.
Chacun travaille déjà dans la musique. Dans les années 1970, Amadou est guitariste au sein des Ambassadeurs du Motel de Bamako, l’une formations les plus connues du Mali dont a fait partie Salif Keïta ; Mariam chante dans des mariages et des festivals traditionnels. En 1980, le duo désormais marié donne son premier concert et s’installe en 1986 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il y enregistre une série de cassettes ultérieurement remastérisées et rééditées (1990-1995: L’Intégrale des Années Maliennes). Ceux que l’on surnomme « le couple aveugle du Mali » connaissent le succès et retournent dans leur pays d’origine pour une tournée.
Mon amour, ma chérie
En 1998, leur deuxième album Sou Ni Tilé marque le début d’une reconnaissance en France et en Europe. Le tandem était déjà venu en 1994 à Paris pour des enregistrements qui n’ont jamais vu le jour. Ce disque contient la chanson qui les fait connaître, l’entêtant « Mon amour, ma chérie ». Après s’être produit aux Transmusicales de Rennes, le duo fait la première partie de Sinclair à la Cigale en janvier 1998. Suite à ce succès, leur premier album Se Te Djon Ye, sorti uniquement en cassette en Afrique est édité en CD. Jusqu’en 2003, Amadou et Mariam sont invités à jouer dans différents festivals européens (Eurockéennes de Belfort, festival de Montreux), et aux Etats-Unis (festival international de Louisiane, Los Angeles).
Vivement dimanche
Après deux nouveaux albums Tje ni Mousso (1999) et Wati (2002), Amadou et Mariam connaissent une vraie consécration internationale en 2004 avec Dimanche à Bamako. L’album, produit et réalisé par Manu Chao est vendu à plus 500 000 exemplaires dans le monde dont 300 000 en France. Le single lancinant « La Réalité » tourne en boucle. Le talent artistique d’Amadou et Mariam n’est alors plus à démontrer. Mais si leur musique métissée passe les frontières, c’est parce que le duo a su donner une définition plus juste et populaire du terme fourre-tout « world music » : « de la musique du monde pour tout le monde ».
En France, le groupe joue deux soirs à la Cigale, puis à l’Olympia, avant d’enchaîner sur une tournée internationale (Europe, Australie, Etats-Unis et Canada). Le magazine britannique The Observer classe même Dimanche à Bamako parmi les vingt meilleurs albums de l’année 2005. Le duo remporte la Victoire de la Musique de l’album world de l’année (2005) et deux BBC Radio 3 Awards (catégorie world). Il est également choisi pour chanter « Zeit, dass sich was dreht », l’hymne de la Coupe du Monde de Football 2006 aux côtés d’Herbert Gronemeyer.
Welcome to Mali
Au cours de leur périple mondial, le duo fait des rencontres inattendues. En 2007, le groupe Scissor Sisters leur propose de faire leur première partie en Grande-Bretagne. Damon Albarn, leader de Blur et chanteur de Gorillaz les invite en juin 2007 à Africa Express, qui valorise la mixité musicale entre Afrique et Occident. Il participe à deux titres de Welcome to Mali, le nouvel album d’Amadou et Mariam, en produisant le premier single « Sabali ».
Ce disque très attendu a aussi pour collaborateurs -M- sur la production d’un titre (« Masiteladi ») et Keziah Jones pour un duo (« Unissons-nous »). Cette sortie a été précédée en octobre à Londres par une édition exceptionnelle d’Africa Express. Dans la foulée, Amadou et Mariam repartent sur les routes du monde entier, le Mali vibrant au coeur. Le succès de Welcome to Mali, album le mieux noté par la critique mondiale en 2008 est couronné par deux tournées triomphales de l’Hexagone aux Etats-Unis en passant par le Royaume-Uni. Dans l’album Remixes sorti début 2011, le couple laisse son répertoire aux mains de sorciers electro-rap tels que K’naan (« Africa »), Busta Funk, DJ Alix, Laskez, SABO, Grey X Sage, Miike Snow ou Theophilus London (« Sabali »).
Après un tel succès, le successeur de Welcome to Mali est forcément attendu avec la plus grande attention. Amadou et Mariam choisit de nouveau la voie la plus internationale avec un album enregistré entre Bamako, Paris, et New York. Les invités sont triés sur le volet, comme Bertrand Cantat présent sur quatre titres, Santigold, Jake Shears de Scissor Sisters, ou une partie de TV on the Radio. Folila en mars 2012 constitue ainsi un métissage supplémentaire pour ce qui est devenu une pop africaine grand public.
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